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Bonne année!
Je sais qu’il est socialement inacceptable de souhaiter la bonne année après le 15 janvier, mais comme j’étais à l’extérieur du pays, je me dis que j’ai droit à une dérogation jusqu’au 1er février. Puis, ça me permet de vous parler de ce que j’ai fait au réveillon.
La première chose que j’ai apprise cette année, c’est qu’on ne réalise pas vraiment ce que ça représente 5500 marches avant de les avoir montées.
Cette année, pas de robes à paillettes, pas de champagne.
Pour célébrer, j’ai gravi le pic d’Adam, la montagne sacrée du Sri Lanka, avec ma mère. Un trajet de 14 km aller-retour, avec plus de 5500 marches à monter pour atteindre le temple qui se trouve au sommet. Ce qui est bien, c’est que ce site est sacré à la fois pour les Bouddhistes, les Chrétiens, les Hindous et les Musulmans. Pas de chicane.
Avec une moyenne de 20 marches par étage, c’est l’équivalent de 275 étages.
Pour vous donner une idée, la Tour Eiffel compte 1665 marches et l’Empire State en compte 1860. Bref, en une nuit, j’ai monté et descendu environ trois fois l’Empire State Building.
L’Ascension du Pic d’Adam
Au départ, les marches sont par petits paliers, sûrement pour nous donner espoir. Puis, plus on approche du sommet, plus elles sont hautes, étroites, infinies…
On a un peu l’impression qu’on arrivera jamais et la montagne nous joue des tours. Tu croyais être rendu? C’est un leurre! Check à droite, la volée de marches!
Je négocie avec moi-même. Allez, dix marches puis on prend une pause. Allez, dix autres.
Et pendant que je joue avec mon esprit pour m’empêcher d’abandonner, je croise une femme âgée, montant les marches pieds nus. Et quand je veux dire âgée, je veux dire entre 80 and 150 ans.
Pour moi, c’est un défi sportif, un « t’es pas game de », une façon de me prouver que je suis capable, mais pour cette femme, c’est un chemin spirituel durant lequel elle apprécie tout le processus, malgré la douleur. L’important, c’est de parcourir la route.
Je croise des gens qui portent leur enfant sur leur dos alors que j’ai peine à supporter mon propre corps.
Pendant presque tout le trajet, on suit un groupe d’ados, environ cinq jeunes d’une quinzaine d’années qui ont décidé que la meilleure façon de passer la nuit du jour de l’an était de faire un pèlerinage. (Parents, je vous mets au défi!)
Mais pour être honnête, j’ai un problème avec les ados. Je pense que ça vient du fait que je me faisais écoeurer au secondaire et que je m’en suis jamais vraiment remise. C’est que je n’ai jamais été très douée pour lancer, attraper, ou courir, vous voyez.
C’est clair que quand j’aurai 80 ans je serai une vieille crisse qui comprends rien aux jeunes.
Au sommet, des masses de Sri Lankais se serrent les uns contre les autres sous des minces draps de cotton. J’ai un manteau du MEC, des gants et des bas de laine, et je suis frigorifiée. Mon chandail trempé de sueur craque à moitié gelé. Je ne comprends même pas qu’ils puissent survivre en gougounes, mais la foi donne chaud on dirait.
Comme on s’était sous-estimées, on est arrivées en haut deux heures avant le lever du soleil. Attendre au froid, avec les dents et les genoux qui claquent (chacun pour ses raisons) ça revient à attendre l’éternité.
La descente du Pic d’Adam
On a pris la décision de redescendre avant le légendaire lever du soleil. Le « tant pis » le plus ressenti de ma vie.
Pas très loin du sommet, le groupe de jeunes hommes qu’on suivait pendant l’ascension courre nous rejoindre dans l’escalier.
– Where do you go?
– Down.
– No! no! Where do you go?
– Down! We’re going down. We don’t care about the sunrise.
– No! No!
Et ils nous bloquent le chemin.
Avec leur quatre mots d’anglais, ils finissent par nous faire comprendre que la montagne a deux escaliers… et qu’on n’est pas en train de descendre celui par lequel on est monté. Si on continue, on arrivera au mauvais village.
La montagne avait encore gagné pour nous faire monter un petit peu plus de marches. Comme quoi quand on en peut plus, on peut encore.
Je n’ai pas vu le lever du soleil du sommet du pic d’Adam. Je n’ai pas ces magnifiques photos entre le ciel et les nuages. Je n’ai pas vu l’ombre en forme de triangle parfait que la montagne est sensée projeter.
Mais j’ai atteint le sommet, et j’ai sonné la cloche que les pèlerins font raisonner.
Parfois, il faut se choisir soi-même. Parfois, les buts à atteindre ne font plus de sens en cours de route.
P.S. Je m’en sacre que vous m’ayez choisie en dernier dans vos équipes en éducation physique.
Infos pratiques
Hébergement
Au pied du pic d’Adam, vous trouverez de nombreux hôtels, mais si vous comptez le monter durant une fin de semaine, le nouvel an ou une fête religieuse, assurez-vous de réserver votre hôtel d’avance. C’est tout de même un lieu de pèlerinage très populaire.
Je vous conseille aussi de réserver votre chambre pour la nuit de votre ascension, afin d’avoir un endroit où vous poser avant de débuter, et la nuit suivante, pour vous reposer. Plusieurs voyageurs prennent le train directement après l’ascension, mais je pense que je serais personnellement décédé si j’avais fait ça.
Nous avons dormi au Grand Adam’s peak, Nallathanniya, qui est situé tout près du départ de la randonnée, et facilement repérable. Les chambres privés sont confortables et les balcons vous donne vue sur les magnifiques paysages. C’est parfait!
Quoi apporter avec vous
- Des bouteilles d’eau sont en vente partout sur le chemin. Épargnez-vous le poids et n’apportez qu’une bouteille pour débuter l’ascension.
- Prévoyez toutefois de la nourriture, car même si les kiosques vendent toutes sortes de repas et collations, je ne ferais pas confiance à la fraicheur des ingrédients. De nombreux voyageurs ont été malades après avoir consommés des repas vendus sur place.
- Apportez-vous des vêtements chauds. Il fait très froid au sommet, et si vous arrivez tôt comme nous, vous aurez à attendre immobile sur place. Une tuque, des gants, un chandail de rechange sec, un manteau ne seront pas de trop.
- Les bâtons de marches ne sont pas essentiels, mais ils m’ont été d’une grande aide lors de la descente, qui est “rough” sur les genoux.
- Il y a des toilettes turques (à la propreté plus que discutable) sur place. Par contre, prévoyez votre papier de toilette.
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1 commentaire
C’est ce type d’aventure qui donne le piment des voyages ! On a tous des “tant pis” plus ou moins amères :)