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Istanbul, 12 janvier

Les attentats, ça arrive toujours ailleurs.

Sauf que quand on voyage, ailleurs c’est parfois ici, au coin de la rue.

Ce matin-là, on était devant la Mosquée Bleue, en bons touristes, tout près de l’Obélisque de Théodose. On décidait de notre plan pour la journée quand on a entendu le bruit sourd. Un bruit qui vous traverse les os. Pas d’envolée d’oiseaux qui suive, que le silence, comme si tout avait été mis sur pause pendant une seconde.

Notre première réaction a été de regarder les Turcs autour de nous pour voir si c’était normal. Tout est nouveau à l’arrivée dans une nouvelle ville: les odeurs, les lieux, les bruits. Mais, à voir les réactions, on a su que ça n’allait pas.

Les marchands sortaient de leurs boutiques, les serveurs laissaient leurs clients, les gens couraient pour voir ce qui se passait.

En sens inverse, d’autres couraient pour s’éloigner, en nous disant de ne pas aller là-bas.

« Il y a eu une bombe. »

Attentat Janvier Istanbul

On entre dans la première boutique qu’on voit. Entre deux racks de foulards et des versions miniatures de la Mosquée Bleue, on se colle, on fait de la place aux autres touristes pendant que le marchand nous traduit les nouvelles turques.

On nous offre du thé dans la rue parce qu’à Istanbul, offrir un thé aux pommes, c’est un peu comme tendre la main. C’est essentiel pour souhaiter la bienvenue, se faire un ami, ou clore une affaire.

« On s’excuse. », nous disent les Turcs qu’on croise en marchant vers notre hôtel. On voit dans leurs yeux que leurs excuses sont sincères. Ils tentent de nous expliquer leur situation; c’est qu’ils n’ont pas de bons voisins, vous voyez…

Je n’envie pas la situation des Stambouliotes, coincés entre l’Europe et l’Orient, et cette obligation qu’ils ressentent de s’excuser. On fait la même chose quand on reçoit des invités et qu’on veut que tout soit parfait, qu’ils se sentent chez eux.

«Excuse-moi, regarde pas le ménage.»

Et Paris, elle a de bons voisins? Et Jakarta? Et Ouagadougou?

« Ne va pas en Turquie, c’est dangereux. », que mon père m’avait dit.

Mais même après le 12 janvier, je refuse de dire qu’Istanbul c’est plus dangereux qu’ailleurs.

De retour à l’hôtel, les voyageurs sont réunis dans le salon commun. Chacun nous demande comment on va, et s’ils peuvent sortir. «Chez nous, les bombes, ce n’est pas normal. », dit une Argentine. Moi je me retiens de répondre : « Ce n’est pas normal nulle part. ».

Thé Istanbul 12 janvier

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À la suite de l’attentat, les sites touristiques du quartier Sultanahmet ont été fermés pendant une journée. Les Stambouliotes ont faits de leur mieux pour que nous nous sentions en sécurité et à l’aise. Je ne conseille pas d’annuler vos séjours à Istanbul et je maintiens que la ville est sécuritaire.

Ce serait triste de vous priver de cette culture éclectique, d’une cuisine savoureuse, et d’un peuple accueillant.

Istanbul - Voyager après un attentat terroriste, ou pas?

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4 Commentaires

  • Reply Mauricio Cabal 20 janvier 2016 at 13 h 19 min

    wow very nice post , keep up ypur great work :)

  • Reply Deux Évadés - Laura 31 janvier 2017 at 10 h 17 min

    Un très bel article que je découvre. Bien sûr, cela résonne avec encore plus de sens quand c’est son propre pays qui vit des moments douloureux, comme aujourd’hui au Québec. C’est très bien que tu puisses témoigner de ton expérience, même malheureuse. On préfère toujours quand les voyages se passent bien, et bien sûr de ne pas être témoins d’évenements tragiques…

  • Reply Mario 20 avril 2018 at 11 h 12 min

    Tes articles sont très intéressants et ton côté “minimaliste en apprentissage” répond à mes attentes de voyages.
    Par contre, tu m’as laissé un peu sur ma faim sur la suite de ton voyage en Turquie. S’est-il limité au bazar d’Istanbul? Y aura-t-il une suite?
    Beau travail!

    • Reply Annie Anywhere 21 avril 2018 at 12 h 34 min

      Bonjour Mario! Merci pour les compliments! Ça fait chaud au coeur :) En fait, vous connaissez l’expression “avoir les babines qui vont plus vite que les bottines?” Et bien, disons que dans mon cas, j’ai les bottines qui vont plus vite que les babines! Ahaha! Il y a des tonnes d’endroits que j’ai visités et dont je n’ai pas encore eu le temps de vous parler. J’aurai la chance d’y revenir c’est certain. Merci encore!

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